Epilogue
Mercredi 21 Septembre 2005, Marseille
Je rentre cet apres-midi a Marseille. Fin du voyage, début d'une autre aventure.
Merci de vous être baladés avec moi.
A bientôt,
Piero
Mercredi 21 Septembre 2005, Marseille
Je rentre cet apres-midi a Marseille. Fin du voyage, début d'une autre aventure.
Merci de vous être baladés avec moi.
A bientôt,
Piero
Du dimanche 4 au jeudi 8 Septembre, entre montagnes et forets boliviennes
Mika, un guide francais vivant depuis 2 ans en Bolivie, m'avait briefé. Je refais un rapide inventaire des besoins alimentaires et sanitaires, et l'essentiel me semble la. Cela faisait un petit moment que j'avais envie de faire un trek aventureux et le récit de Mika a fini de me convaincre. Je n'ai pas été jusqu'a pousser la folie de jeter un coup d'oeil sur ses photos qui sont, parait-il, dissuasives. Si l'aspect montagneux du trekking s'avere classique, la selva sera une découverte, sa pluie incessante, ses nuées d'insectes, sa flore hostile...
Quand j'annonce que je pars pour Mapiri, les gens m'envoient regards admiratifs ou sourires moqueurs. Au lieu d'y voir un avertissement, je fais le fier-a-bras (en apparence), mais une legere inquietude m'envahit, vite effacée par mon éternelle insouciance. Le trek se fait généralement en 6 a 7 jours selon les conditions météos. Mais comme je n'ai plus beaucoup de temps, je planifie avec l'agence de marcher un peu plus chaque jour pour parvenir a Mapiri en 5 jours, ce qui ne parait pas insurmontable.
Nous partons donc dimanche matin a 9 heures... euh, finalement, a 16 heures. Il leur aura fallu la journée pour trouver un réchaud, détail qui semblait pourtant avoir été réglé la veille. Tout est fait également pour que je ne puisse pas voir l'état de la tente avant de partir. Il se murmure a voix basse des conversations dans l'agence que je ne parviens pas a comprendre et qui commence a m'échauffer. Je m'assois finalement a l'arriere d'un 4x4 qui nous emmenera a Igenio, village d'ou débute le trek. C'est a ce moment que j'apprends que mon guide a changé. On me l'a fait pas moi! Y'a baleine sous graviers! Je sens que tout ne va pas se passer comme prévu, j'hésite a tout annuler, mais mon désir d'en découdre est trop fort. Je grogne, chonchonne, grommelle... mais reste assis, courbé, sur la banquette latérale du 4x4. Je constate avec philosophie que les chaussures de marche de mon guide sont des sandales en plastique! J'apprendrais plus tard que le guide initialement prévu s'est défilé a la derniere minute. Willy, mon compagnon d'infortune, passait par hasard a l'agence pour saluer ses copains et s'est porté volontaire pour le remplacer. Sans avoir l'opportunité de passer chez lui prendre ses affaires...
Nous arrivons vers 20 heures a Igenio. Contrairement a ce qui était convenu préalablement, le guide n'a pas de lampes et il nous faut en trouver 2 pour marcher dans la nuit noire. Mon ampoule grille au bout de 10 minutes et nous décidons de camper pres du village, la progression s'avérant tres lente et dangereuse. Le premier jour de marche est donc quelque peu amputé, et il nous faudra compenser le retard les jours suivants. En montant la tente, je constate que la fermeture de la moustiquaire est hors d'état d'usage et je fulmine contre le gérant de l'agence sachant que, comme le dit Timsit, les moustiques, ici, ils te piquent pas, ils t'empalent! Mais la nuit n'est qu'étoiles, et je suis heureux d'etre la.
Pour faire court, le programme de nos journées est assez répétitifs. On se leve au lever du jour et on marche 8 a 9 heures, jusqu'au coucher en ne s'accordant que de rares pauses. J'ai pris sur mon dos la tente et les 4 litres d'eau, Willy porte l'essentiel de la nourriture et le réchaud. Nos sacs sont lourds et j'arrive exténué a Tolapampa, lieu de repos des guerriers pour notre deuxieme nuit. A défaut d'ours, je sympathise avec un ane qui s'invite a notre repas. A 3800 metres, la nuit est fraiche, mais je suis équipé : maillot de corps thermique. collant, chaussette, polaire...
Mardi, apres 1 heure de marche, nous quittons la montagne pour plonger dans la foret bolivienne. Plonger est le terme exact, car nous sommes rapidemment trempés jusqu'aux os. Les pieds s'enfoncent jusqu'aux chevilles dans des flaques de boue, les fougeres humides nous raffraichissent. La foret se referme sur nous, les arbres nous enveloppent littéralement et il faut avoir les pieds sur terre pour savoir que le ciel se trouve au dessus de nos tetes! Les lianes comme des amantes hystériques tantot m'enlacent tantot me lacerent le visage.
C'est un vrai parcours de Légionnaires. Nous enjambons des troncs, rampons dans la boue pour passer sous des racines d'arbres, évoluons dans d'étroites tranchées creusant le chemin tortueux. La densité de la vágétation est impressionante, il n'y aucune issue possible autre que de continuer ou faire demi-tour. La pluie rend les pierres glissantes. Pour avoir une idée, aller etreiner vos nouveaux rollers sur une patinoire. Je prends gamelle sur gamelle et, invariablement, Willy, me dit lentement "Cuidado, Amigo!", qui, pour ceux qui ne sont pas hellenistes, veut dire "Attention, l'Ami!". Le cul dans l'eau, les genous meurtris, je supporte difficilement cette recommandation stupide. Je m'apprete donc, tout naturellement, a l'occire, a sauter sur sa cage thoracique jusqu'a lui faire sortir les poumons par la bouche, lui faire avaler sa machette, le donner a manger aux fourmis warriors, lui faire un croque-en-jambe... quand je prends conscience que la vaniteuse subtibilité de l'occidental en mal d'aventures doit lui etre bien étrangere. Je reprends donc cahin-caha, en serrant les dents, ma démarche d'ivrogne, trébuchant, m'affalant de tout mon long régulierement, me rattrappant aux branches, ou non, en chantonnant quelques couplets incomplets des chansons de Brel entendues chez Pete le Végétarien.
Bien entendu, je noircis le tableau. Il est arrivé qu'il s'arrete de pleuvoir pendant des quarts d'heure entiers. Plus sérieusement, malgré la difficulté du parcours, les sens sont en éveil. Nous passons de bosquets en herbes hautes, pour arriver au milieu de fougeres geantes, nous frayant le passage a l'aide de nos bras sans voir nos pieds. Selon le terrain, des senteurs differentes se succédent. J'aimerais etre Grenouille, le heros du Parfum pour en saisir les subtilités, et Suskind pour vous les faire partager.
Les 2 dernieres soirées, a l'Alto Palmar et Buena Vista, sont pluvieuses et nous devons de bonne heure nous réfugier sous la tente. Apres une journée trempée, j'ai hate de me passer des vetements secs et rechigne a remetre mes godasses mouillées. Willy, plus courageux, sous sa bache plastique, nous prérare une soupe et me décrit que ce soir la lune est un frele croissant et qu'il n'y a que 3 étoiles dans le ciel, une grande et deux petites.
La pluie nous a épargné les affres des insectes. Dans la journée, a chaque arret, nous sommes assaillis par les abeilles et les mouches, mais la nuit, les moustiques repectent notre sommeil. Outre l'absence d'ours, la faune s'est faite discrete les 3 premiers jours. Je m'imaginais pourtant des papillons colorés, grands comme des albatros, virevoltant, nous ouvrant le chemin, et d'un battement d'ailes, éventant nos fronts rendus fievreux par l'effort. Au lieu de cela, quelques lépidopteres de faible constitution aux ailes pales... Il faudra attendre le dernier jour de marche, en sortant de la selva et en descendant sur Mapiri, pour voir perdrix, rapaces et petits oiseaux, un serpent, et des papillons grands comme des albatros...
Nous finissons par marcher le long d'un potager abritant de minuscules plants de tomates et nous perdre dans la bananeraie. Encore une petite heure et nous arrivons a Mapiri, un sourire enfantin sur nos visages.
Piero
Du Jeudi 1er au Samedi 3 Septembre 2005, Sorata
Nuit de bus pour arriver tot le matin a La Paz, quelques courses pour préparer le terrible trek qui m'attend, bouclage d'un sac ad hoc, quelques heures de piste pour aller a Sorata.
Cette petite ville se trouve au nord-ouest de La Paz et se perche a 2800 metres. Les maisons s'accrochent aux montagnes environnantes pour ne pas tomber. Seule la place principale est pavée, des rues adjacentes en terre nous amenent au bord du rio. Tout est y calme...
Le climat est agréable. D'ailleurs, Petra, une allemande, s'est installée a Sorata pour y ouvrir un hotel fort confortable, et Pete, que l'accent british trahit au premier mot, a ouvert un resto végétarien et nous fait profiter de sa discotheque achalandé. Tracy Chapman, Rokia Traoré, Cesaria Evora, Brel... Sans vouloir dénigrer le folklore musical bolivien, et en toute diplomatie, pesant mes mots...
Balade, lecture et préparation du trek rythme le reste de ma journée.
Piero
Du Jeudi 25 au mercredi 31 Aout, Sucre
On y vient pour passer 2 jours, on envisage ensuite de s'y installer. La ville est propice aux balades sans fin. Le promoneur s'égare, ses pensées aussi.
Un couple de cubains tient un bar salsa dans lequel je suis assigné a résidence. En cuisine, on entend de lourds coups de massue qui fond trembler les rares tableaux accrochés aux murs. Une goutte de sueur perle sur la tempe du patron, contraste avec la glace pilée du cocktail qu'il m'apporte.
Meme si les rapports sont aujourd'hui tres bon entre la Bolivie et l'ancien colonisateur, la beauté architecturale de la ville est un témoignage présent de l'esclavagisme passé. Je me demande comment les indiens ont su se réapproprier leur ville.
Ajoutés a la rencontre de personnalités atypiques et Sucre gardera une saveur particuliere...
Piero
Du vendredi 19 au mercredi 24 Aout, Potosi
Cette ville magnifique a connu son essor lorsqu'un conquistador, apres avoir bavardé avec un vieil indien, découvre que les montagnes environnantes recellent d'importantes quantités d'argent. C'est donc a partir du milieu du XVIeme siecle que le Royaume d'Espagne commence a investir massivement a Potosi. La ville devient rapidemment plus riche que Londres et Paris réunies. La manne financiere que représente l'argent extrait des mines a cette époque participe a l'avenement du capitalisme moderne en Europe. Anecdotiquement, 6 a 8 millions d'indiens, travaillant jusqu'a 48 heures d'affilée, ne se nourrissant que de feuilles de coca, vont périr dans les mines. Paralellement, les richesses seront dilapidées, allant jusqu'a appauvrir le Royaume d'Espagne!
La visite de la mine de Cerro Rico est une descente au fin fond de l'histoire de la colonisation. Exepté l'arrivée de perforeuses a air comprimé, les mineurs travaillent de la meme maniere depuis plusieurs siecles. Batons de dynamite, wagons poussés sur des rails, poulis, pelles, marteaux, burins... En 1996, un mineur a atteint l'age de la retraite. Il a fait la une de tous les journaux. La mine a ses croyances, on laisse quelques offrandes au Tio (diable de la mine qui garantit aux mineurs, non la protection, mais la production). On boit a sa santé un subtil alcool a 96 degrés. Etonnamment, ca arrache la gorge jusqu'aux entrailles...
Le dimanche, je pars avec Miguel, guide, pour 2 jours de rando montagneuse autour de la Laguna Kari Kari. Lui ayant dit que j'aimais marché, il impose un rythme d'enfer. Toujours trop fier pour lui demander de ralentir, je sers les dents a m'en decoller les gencives et le suis au pas. Instantanément, mes reins se mettent a produire une quantité phénoménale d'EPO, a faire palir d'envie un cycliste du Tour de France. L'erythropoietine, je la sens parfaitement, court vers la moelle osseuse, passe commande fissa d'erythrocytes qui deviendront, apres quelques foulées supplémentaires a suivre désesperement Miguel, de jolies globules rouges capables de recueillir moults oxygene. Je repire de nouveau lorsque nous atteignons les 5000 metres d'altitude. Nous redescendons tranquillement (c'était bien la peine que mes reins se fatiguent), au milieu de lamas, alapacas et autres vicognes, jusqu'a la demeure d'un homme vivant avec sa mere et sa niece, instantané de 3 génerations d'indiens quechua. La mere ne parle pas le castillan et s'adresse a moi en quechua. Je fronce les sourcils et crois reconnaitre un subtil mélange de posh anglais et de danois, d'arabe dialectal et de celte, de madarin et de coassement amphibien. Le repas a 5 est chaleureux, mais le froid nous jette de bonne heure dans nos duvets. Le lendemain, le chemin ne présente aucune difficulté particuliere. Les sources chaudes d'eau volcanique nous accueillent en récompense des efforts fournis.
Quelques jours de plus a Potosi pour s'impregner de l'ambiance de la ville, fete de la San Bartolome dans un village avoisinnant et départ pour Sucre le jeudi.
Des photos avant Noel, c'est promis!
Biz,
Piero
Du Dimanche 14 au Jeudi 18 Aout 2005, Uyuni
Bus de nuit pour aller de La Paz a Uyuni. Le dimanche est consacré à sélectionner une agence pour partir dès le lendemain dans le Salar (Désert de sel) et le Sud Lipez.
Salar d'Uyuni, Isla del Pescado avec ses cactus
Village au milieu du desert, Nos 2 guides, respectivement 11 ans et 4 mois, pour l'ascension du volcan Tunupa, Photo au sommet
Flamands roses, Laguna Colorada
Plus de commentaires sur ce même post très bientôt, car environ 2h pour charger 8 photos sont venues à bout de ma patience...
A bientôt,
Piero
Du Mercredi 10 au Samedi 13 Aout 2005, La Paz
Déclaration de vol, visite de courtoisie a l'Ambassade de France pour faire partie des statistiques, conseils avisés "Faut faire attention a ses affaires"...
Et puis shopping intensif : de la brosse a dent au sac-a-dos, de la veste au sac de couchage, de la creme solaire aux sous-vetements. Áctivité d'autant plus agréable que je n'ai pas a me dire "ce n'est pas raisonnable, tu n'en as pas vraiment besoin".
Le sac est de nouveau bouclé, le moral au beau fixe, l'aventure continue...
Piero
Mardi 9 Aout 2005, Coroico
Apres un petit dej avec Alain, je descends dans le centre afin de prendre un minibus pour remonter sur La Paz. Bruine et brouillard épais nous accompagnent tout au long de la route sinueuse. La circulation est inversée afin que les véhicules montant longent la falaise et que ceux qui descendent flirtent avec le précipice. Au vue des conditions, je ne suis pas décu de me trouver du bon cote de la route. Les traces de pneus dans la boue donne le vertige, les conducteurs sont toujours a la limite de la rupture. Je vous passe les arrets successifs pour degager les bus enlises, les marches arrieres dans les virages lorsque la route est trop étroite pour permettre a deux véhicules de se croiser, les fermetures momentées (2h) de la route pour cause de rien du tout...
Arrivée a La Paz, envois de mails pour organiser mon séjour dans le desert de sel d'Uyuni, sprint urbain pour rattraper un taquin parti avec mon sac de voyage, visite du poste de la police touristique, longue méditation, début du roman "Héros et Tombes" d'Ernest Sabato...
Piero
Lundi 8 Aout, Coroico
Coroico est un lieu de villegiature connue pour son climat agreable. La ville se trouve a une altitude beaucoup plus basse que La Paz. Apres avoir trenasse au lit avec Hemingway, etire mes membres rendus douloureux par les efforts de la veille, je pars decouvrir le centre et ses rues pavees en pente vertigineuse. Qui n'a pas entendu parle des cascades de Coroico. A peu pres tout le monde et ca se comprend. Car les legers filets d'eau s'echappant de la roche necessite tout de meme, pour etre admires, quelques trois heures de marche sous la pluie.
En remontant dans mes pennates, je fais la connaissance d'Alain, trempe jusqu'aux os, poussant son velo et ses 40kg de sacoches sur les pavees glissants. Ce belge de 37 ans profite de son conges sabbatique de 10 mois pour pedaler de Lima au sud de l'Argentine. Autour d'une cervesita, il me raconte ses experiences et eveille en moi d'autres idees de voyage...
Piero
Dimanche 7 Aout 2005, Coroico
Apres quelques deboires pour trouver une agence fiable, je monte dans un minibus qui me mene de La Paz a la Cumbre. Ce lieu-dit, se trouvant a 4700 metres d'atitude, est le point de depart de notre journee. Pendant pres de 5 heures, nous allons arpenter a vtt la route la plus dangereuse du monde pour arriver a Coroico. En haut, la brume epaisse limite la visibilite et les mitenes ne sont d'aucun secours contre le froid. La premiere partie de la route est asphalte et ne presente aucun danger particulier. En changeant de versant, l'asphalte laisse place a la terre, trous et autres caillasses. Le velo ne repond pas toujours a mes desirs, les freins a disque sont mis a dure epreuve. Le ciel est a present degage, la vue de la vallee superbe. Quelques carcasses de vehicules sont oubliees en contrebas de la falaise. Il y a plus de 40 accidents mortels par an, soit 1 tous les 10 jours. En etant un peu attentif lors des virages a gauche, la descente en velo se revele moins dangereuse. On se taille la bourre avec le guide, on joue a celui qui freinera le plus tard. Je remporte haut la main le concours du "Premier a manger un pan de falaise", ce qui m'attire le respect des amateurs de la discipline.
Piero
Lundi 24 Juillet, Baños
Le temps est maussade, la pluie fine mais continue. Après un tour de la ville, je décide de louer un vtt pour rouler le long de la route qui mène de Baños à Puyo. La vallée est verdoyante, « le rio grandit sous la brume ». Première frayeur : 2 tunnels, un dans chaque sens, passages obligés pour continuer son chemin. Ils partagent la particularité de n’être pas éclairés tout comme mon engin à 2 roues. Au début, je me lance serein à pleine vitesse profitant de l’élan de la descente, mais arrivé au milieu, l’obscurité rend impossible de savoir si je suis à gauche, à droite ou au milieu de la. Une seule solution : crier, pédaler de plus en plus vite en fermant les yeux. Si le guidon touche la paroi sur la gauche, tourner à droite, s’il touche à droite tourner à gauche, si j’arrive entier au bout du tunnel, allumer un cierge. Plusieurs cascades s’offrent à mes yeux dont le Paillon del Diablo et son débit impressionant. Pour éviter le remontée, tous les « maontainbikers » placent leur vélo sur le toit d’un bus et leurs fesses à l’intérieur pour retourner à Baños. Mais il pleut et que je suis déjà crevé, je ferai le chemin bien vissé sur ma selle.
La soirée se passe avec « 100 ans de solitude » de Garcia Marquez dans un bar où salsa et reggeaton se tirent la bourre. Plongé dans les lectures, noyé dans le Banana Daïquiri, je n’ai pas remarqué l’arrivée des musiciens qui me font sursauter en se mettant à jouer les airs locaux à l’aide de guitares et flûtes de pan. Leur accoutrement m’amuse, pancho traditionnel sur le dos, basket nike au pied.
Mardi 26 juillet, entre Baños et Cuenca
Je file toujours vers le sud. Journée passée dans un bus et arrivée en début de soirée à Cuenca
Mercredi 27, Jeudi 28 juillet, Cuenca
Visite de la ville coloniale. Tour des librairies, Alliance francaise, ... pour recharger stock de bouquin avant long voyage. Départ vendredi pour le Pérou. Samedi à Lima. Au lac Ticaca, lundi ou mardi. 3 à 4 jours de bus en perspectives. Que bueno!
Piero
Du lundi 18 au Dimanche 24 juillet 2005, Quito
Premier contact avec Quito, son aéroport. Il est déjà 1h du mat, et je me résous à y passer la nuit pour économiser taxi et hôtel. Un banc m’accueille gentiment, et je finis de dépouiller les dernières dépêches du Canard. J’attends patiemment le petit matin pour changer un peu d’argent et me rendre en bus dans le centre de Quito.
Immédiatement, je me sens très à l’aise dans cette ville, loin de l’agitation de Caracas. Rues pavées menant de parcs en maisons coloniales. Soleil et fraîcheur. Hôtel pour backpackers déjantés.
Trois fois par semaine, l’hôtel organise des soirées Rhum & Coke où des bassines géantes de mauvais alcools ne cessent de se vider. Ajouté à des maux de tête dus à l’altitude (2800m), il m’est difficile de récupérer de ma nuit blanche. Les 2 premières journées seront consacrées à errer, nez en l’air, dans le vieux et le moderne Quito. Mes premières impressions sont confirmées et il se dégage une atmosphère paisible dans cette capitale à taille humaine. Des rabat-joies tentent de me faire peur en racontant les pires histoires et me conseillent de ne jamais sortir de l’Hôtel après midi ! A la décharge de leur paranoïa sans limite, 2 corps allongés au coin de ma rue, serviettes blanches sur la tête, colombiens abattus lors d’un règlement de compte…
Du haut de la Basilica, je profite d’une vue de Quito à 360 degrés. Les toits de la ville me fascinent. Je me surprends même à miauler rêvant d’une vie différente, bondissant de gouttière en gouttière, profitant de quelques caresses de touristes attendris. De ma vie de pacha à celle de chat, il n’y a qu’un pas ! Le marché du Mariscal est étonnant : les étalages de vêtements traditionnels et d’artisanat locaux succédant aux boutiques de piercing et tatoo se mêlent dans une harmonie toute naturelle.
Oswaldo Guyasamin est un peintre contemporain équatorien. La fondation qui lui est dédiée est formidable. Je vous invite à aller le découvrir sur www.guayasamin.com. Une série magnifique sur l’expression des émotions par les mains m’a particulièrement touchée. Maintenant, cliquez sur « commentaire » au bas de ce post et dites moi ce que vous en penser.
Impossible de se rendre en Equateur et de ne pas aller marcher sur la ligne qui sépare les 2 hémisphères. Latitude 0’00’00. Sur l’équateur, un œuf posé sur un clou ne ressent pas la rotation de la terre et tient ainsi en équilibre. Un lavabo se vide par le siphon sans provoquer de tourbillon. Un chat retombe toujours sur ses pattes (ok, je sais, ça n’a rien à voir !)…
Je me rends sur les hauteurs du volcan Pululahua. Un vieil homme m’indique qu’il est possible de descendre dans le cratère, et de rejoindre en moins d’1h30, de l’autre côté, un village d’où je pourrais prendre un autre bus pour Quito. La journée est splendide, je dévale donc la pente en sifflotant. Le cratère est aujourd’hui une plaine verdoyante, laissant peu de places aux cendres volcaniques. Au bout d’une heure de marche, l’horizon ne me montre aucun village. Je lève le pouce et saute à l’arrière d’un pick-up chargé de sac de céréales. Après une petite pause « Récolte » dans le champ de mes bienfaiteurs, je me retrouve de nouveau à l’arrière en train d’écosser des petits pois pour leur soupe du soir. J’apprends avec sourire qu’il m’aurait fallu plus de 6h pour me rendre au village. Les ongles des 2 pouces totalement décollés de la peau, je donne mon sac de petits pois et saute du camion pour m’en retourner à Quito. Sensation très agréable d’avoir pu vivre quelque chose de différent grâce aux quelques notions d’espagnol acquises pendant le voyage.
Je vous passe sur les quelques soirées salsa et conclue ce post en vous donnant ma destination du jour : Baños, à quelques heures au sud de Quito.
Piero
Du mercredi 13 au dimanche 17 juillet, la Colonia Tovar
Tôt le matin, je prends un bus pour Maracay. Je dois y retrouver en fin d’après-midi Apolonia, rencontrée à Caracas le jour de mon arrivée.
Je tente de planifier la suite de mon voyage et me rends dans le centre de Maracay pour acheter mes billets d’avion. Départ pour Quito le dimanche suivant, retour de Lima pour Caracas le 18 septembre, soit 2 jours avant mon retour en France.
Nous passons la soirée à Palo Negro chez les tantes, cousines, oncles et cousins d’Apolonia. Le lendemain, nous partons pour la Colonia Tovar
C’est la brume et la pluie qui nous accueille au réveil le vendredi matin. Après une ultime balade, nous décidons de rentrer sur Caracas. Un concert de Marc Anthony et Olga Tañon est programmé le samedi soir. Je cours acheter une place, avant de me raviser devant le prix exorbitant des billets. Tant pis, next time.
Mon étape vénézuelienne touche à sa fin et c’est avec quelques heures de retard que je décole pour Quito le dimanche soir. Les lectures du Monde, de Libé et du Canard enchaîné accompagnent mon vol. Jusqu’au bout, Apolonia aura été d’une gentillesse exceptionnelle, me présentant à ses amis, m’invitant dans sa famille, me baladant partout, me récupérant même la presse française au comptoir Air France.
Maintenant, place à l’Equateur...
Piero
Du Samedi 9 au mardi 12 Juillet, au bord de l'eau
Arrivée vers 9h à la gare routière de Maracay. D’ici, je saute dans un bus bondé qui m’emmènera jusqu'à Choroni, petite ville réputée pour ses plages et sa vie nocturne. Mon entrée dans ce bus minuscule avec mon sac-à-dos gigantesque provoque l’hilarité générale. Gauche, je parviens tout de même à trouver un siège dont la proximité avec la rangée du devant place mes genoux à la hauteur de mes oreilles. Neuf étudiantes françaises, envoyées en stage au Venezuela dans le cadre de la mission Barrio Adentro (projet venezuelo-cubain dédié à implantation dans les quartiers populaires de modules de santé délivrant une médecine préventive et généraliste) planifient, via Choroni, de se rendre à Chuao pour y passer le we. Je me joins au groupe. Ce village, inaccessible par la route, se trouve à 20min de « plancha » (petit bateau à moteur) de Choroni.
Il faut une heure de marche, rendue périlleuse par les chutes intempestives de mangue, pour joindre la plage au village. Seuls touristes, nous sommes l’objet de toutes les attentions. La soirée se passe sur le rythme des tambours, musique traditionnelle locale, et chacun y va de son petit pas de danse.
Les filles repartent le lendemain matin. Je décide de rester dans cette place paisible pendant plusieurs jours. Au programme, lecture, jogging, baignade, méthode « Assimil ». Le mardi matin, je replie bagages pour retourner sur Chorini. Quelques 5 heures d’attente pour un bateau sont l’occasion de tester mes nouvelles phrases chocs en espagnol avec les commerçants du coin.
Playa grande, balades nocturnes, piqûre de moustiques…
Piero
Vendredi 8 Juillet, perdu dans la montagne
Comme vous pouvez le constater, il y a toujours un leger décalage (à peine 2 semaines!) entre mes journées et leurs récits sur le blog. Je préviligie de répondre personnellement aux mails que je reçois. Je vais essayer en moins de 2h de rattrapper tout mon retard. Je ne serai donc beaucoup plus concis qu'à l'accoutumée. De plus, ajouter des photos prend un temps monstrueux. Alors laisser libre cours à votre imagination, vous ne pourrez être déçus!
Après le petit déj (lait de vache fraîchement trait et fromage fumé) et dernier tour de la propriété, nous attaquons la redescente dans la vallée. Vers 1h, nous retrouvons l'asphalte. Pour récompenser nos efforts et panser nos corps meurtris, nous nous rendons dans des sources chaudes. Le lieu est bruyant et bondé, mais les 37 degrés de l'eau et le sauna naturel finissent de nous délasser.
Au cours de la journée, j 'ai pris la décision de partir le soir-même et de prendre un bus de nuit pour me rendre sur la côte. En chemin vers la gare routière, je croise des centaines de voitures, musique à fond, coffres ouverts. Toute la nuit, la ville célébrera les nouveaux licenciés de l'université. Pendant que je me morfonds lové au creux d'un siège sans appuis-tête...
Piero
Jeudi 7 Juillet, Los Nevados
Lever à 6h30, petit-déj composé d’un morceau de pain, d’une poignet de céréales, d’un fruit de la passion et d’une mangue. De quoi attaquer la grande ascension avec sérénité. J’attends pour partir que Pedro se lève, qu’il apprécie la météo et me donne ses dernières recommandations. Me voilà sur le sentier, sac d’une dizaine de kilos sur le dos, le sourire aux lèvres, à l’aube d’une journée exceptionnelle, à arpenter les premiers lacets.
Etre seul au milieu de ses montagnes me souffle un parfum de liberté et plénitude absolu. Je me délecte de chaque foulée, de chaque ruisseau franchi.
Je m’astreins à boire régulièrement pour éviter le mal des montagnes. Vents glacés et pluie font que je m’arrête peu. Les arepas au cheddar et des figues sèches me fournissent l’énergie nécessaire pour faire face à la pente qui ne cesse de s’accentuer.
Un dernier « coup de cul », et la croix du sommet, perchée à près de 4500 mètres, se jette sur moi. Une certaine ivresse accompagne la joie d’avoir réussi en moins de 4h à engloutir plus de 1600 mètres de dénivelé. Arrogant comme peut être l’homme quand la nature a bien voulu lui être clémente, je rigole de l’aisance avec laquelle j’ai atteint le sommet de cette grotesque petite colline ! Pour compléter le tableau de cette attitude ridicule, je gonfle ma poitrine d’orgueil lorsqu’un guide, croisé dans la descente, me félicite de ma performance. Qu’on peut être con parfois ! C’est d’ailleurs si bon…
Pendant 2h, autour d’un café chaud, je guette l’arrivée de mes acolytes. Suzann nous laisse et prend le teleferico pour redescendre sur Mérida.
La montée en mule ne leur à pas enlever trop d’énergie et nous descendons à vive allure le sentier nous menant à notre prochaine étape. Nous dormirons chez des habitants de la vallée dans une maison perchée à plus de 3700 mètres d’altitude. Un peu fiévreux, une sieste réparatrice me conduit jusqu’au dîner où des truites fraîchement pêchées nous attendent.
Bien évidemment, il n’y a ni eau courante, ni électricité. C’est donc à la lumière de la bougie et avec la musique jouée par l’Ipod d’Antoine (Sic !) qu’est entamée une discussion sur le thème « Qualité de vie : Etude comparée entre le milieu montagnard vénézuélien et plat pays belge », débat auquel je n’ai aucune envie de me joindre préférant me laisser aller à d’autres rêveries.
Piero
Mercredi 6 Juillet, Mérida
Au programme de cette première journée de trek, nous devons monter en jeep au village de Los Nevados perché à 2700 mètres d’altitude. Alexis, le chauffeur, Pedro, notre guide, sont à l’avant. Suzann, Toon, Ludo et moi nous partageons les banquettes à l’arrière.
(Photo de mon sac sur le toit de la jeep emballé dans un sac poubelle)
Madonna et son « Like a virgin », faute de succès, doit laisser sa place dans l’autoradio à Oscar D’Leon et Elvis Crespo. « Suavemente », nous filons à travers une petite route de montagne. Glaise, calcaire, argile…, la composition du sol comme la végétation varient au fur et à mesure de l’ascension.
A chaque arrêt, Alexis ouvre le capot pour vérifier que tout est en ordre. Avec savoir-faire, il sait ménager sa monture pour qu’elle arrive à destination. Toutefois, il ne pourra rien contre l’état de la chaussée rendu désastreux par les fortes pluies de la veille. Pas le choix, faudra pousser !
En milieu d’après-midi, nous arrivons à Los Nevados. Chaque ville, village ou hameau se doit d’avoir sa place Bolivar, en hommage au libérateur du pays Simon Bolivar (1783-1830). Los Nevados ne déroge pas à la règle.
Demain, nous devons monter à dos de mule à la croix San Quelquechose. Je demande à Pedro s’il est possible de monter à pied. « Impossible, yo walk mucho, pero il faut la mula para monter… ». A l’aide des 3 langues, on finit toujours pas se comprendre.
Toon et moi allons visiter l'école primaire du village. Voici quelques photos :
La jeep laissée au village, il nous faut une petite heure de marche paisible pour atteindre le refuge. Pedro et une jeune femme du village se mettent à nous préparer un sanconcho (pour la recette, http://www.marmiton.org/recettes/recette.cfm?num_recette=8475, vous me demandiez de partager les saveurs de mon voyage, la balle est maintenant dans vote camp ! lol !). Nous sommes formellement interdit de séjour dans la cuisine, et la recette exacte restera pour nous un mystère.
Je ne me résous toujours pas à effectuer ce « trek » sans en baver un peu dans les côtes et reviens plusieurs fois à la charge pour savoir s’il est vraiment impossible de monter à pied en haut de cette montagne. Lassé, Pedro finit par me dire ce que j’avais envie d’entendre et me donne les indications nécessaires pour ne pas me perdre. Il est entendu que je partirais plus tôt que le reste du groupe et que nous nous retrouverons en chemin.
La soupe avalée, je ne tarde pas à faire faux bond au reste de la troupe et pars me faufiler dans mon sac à viande. Pedro nous avait assuré que prendre nos sacs de couchage était inutile. La maigre couverture disponible me fera profiter pleinement de la fraîcheur de la nuit…
Piero